ROGER Kevin

1-    Histoire, analyse et composition du motet médiéval (XIII^e-XV^e siècles)

Le motet dit « isorythmique » est au cœur de mes recherches. Mon regard se concentre sur son évolution à la fin du Moyen Âge, depuis les premiers témoins rencontrés à la fin du XIII^e siècle jusqu’aux derniers exemples composés vers 1450. Mes axes de recherches concernent aussi bien l’analyse du processus de création que la dimension sociopolitique du genre. L’un de mes objectifs est de mettre en lumière la diversité des stratégies compositionnelles ainsi que la place fondamentale des paroles et de la pluritextualité dans le geste créateur. Je propose ainsi d’aborder le motet comme une œuvre proprement littéraire et d’en décrypter le large savoir-faire poétique (citation, intertextualité, référence, etc.).

2-    Humanités numériques, encodage et intelligence artificielle en musicologie

Mes recherches dans le cadre des humanités numériques ont pour but de développer des solutions techniques améliorant la transmission, la pérennité et l’analyse de données musicales et musicologiques. À travers le consortium Musica2 (IR* Huma-Num), je tente de populariser le format MEI pour l’édition musicale. De même, ma participation au sein du Cluster 6 Biblissima+ vise à valoriser les sources musicales anciennes par le biais du standard IIIF (International Image Interoperability Framework). Je développe des outils analytiques ainsi que des modèles de reconnaissance, basés sur des réseaux neuronaux convolutifs, assistant les musicologues dans la consultation des manuscrits et anciens imprimés numérisés.

3-    Analyse des procédés rhétoriques, poétiques et prosodiques appliqués aux polyphonies latines du Moyen Âge.

Mon intérêt pour les textes latins des motets m’a mené à étudier les liens structurels et interprétatifs qui unissent la poésie lyrique latine et la musica mensurata. J’aborde plus particulièrement les relations de dépendance entre la temporalité du vers (mettre, rythme, accentuation, etc.) et la mesure musicale. Ce versant me permet d’étudier plus largement la poésie lyrique latine au XIV^e siècle, répertoire occulté par les genres vernaculaires et ainsi souvent délaisser par les études philologiques.

4-    Influence des arts libéraux et des sciences de la mesure du temps (astronomie, astrologie et horlogerie) sur la production musicale du Moyen Âge et de la Renaissance.

L’essor de la musica mensurata à la fin du Moyen Âge répond à des influences multiples et trouve en partie ses origines dans les disciplines du trivium. Mes recherches se concentrent sur les fondations théoriques issues des disciplines du langage ayant servi de support à la formalisation de la musique mesurée. De même, la mesure du temps musical rejoint un effort commun de rationalisation du temps ordinaire qui apparait essentiellement à partir du XIII^e siècle. Mes recherches tentent ainsi de discerner les processus spéculatifs et culturels communs entre la formalisation du système rythmique, l’astronomie, l’astrologie ainsi que le développement contemporain de l’horlogerie mécanique en occident.

5-    Paléographie des notations musicales du Moyen Âge occidental

Mon travail sur les répertoires médiévaux ainsi qu’en analyse et encodage des sources anciennes me mène à étudier en détail l’évolution des notations musicales occidentales. J’ai notamment proposé un séminaire à l’université de Rouen Normandie consacré à l’étude des systèmes de représentation symbolique de la musique employés depuis l’Antiquité jusqu’à 1400 dans les territoires de l’Europe occidentale ainsi qu’en Grèce (territoires traditionnels de l’Empire romain). Mes recherches paléographiques et sémiotiques se perpétuent à travers mes contributions en Music Encoding Initiative, langage que j’appréhende comme une ontologie numérique des notations occidentales.